Astuces
* Dans la présente page, l’usage du genre masculin a été adopté afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire
* Dans la présente page, l’usage du genre masculin a été adopté afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire
01
Comment reconnaître des patients qui pourraient avoir des compétences en littératie limitées ?
Dans le contexte de la pratique en pharmacie communautaire, il peut être assez délicat de détecter les lacunes en littératie de certains patients (1). Il est même souvent difficile d’identifier ces patients sans avoir des méthodes d’évaluation standardisées et systématiques (1). Même en utilisant des méthodes impliquant des outils de dépistage de la littératie en santé, plusieurs patients seront réticents à l’idée de se soumettre à l’évaluation effectuée à l’aide de ces outils, puisqu’ils ressentent souvent de la honte ou de l’embarras (2). Il est alors important de pouvoir repérer cette difficulté chez un patient sans qu’il se sente offensé ou blessé. Ces sentiments peuvent être le résultat de la stigmatisation sociale qui existe au niveau de l’analphabétisme dans la société (2).
Voici quelques signes qui indiquent des compétences en littératie limitées chez votre patient :
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Le patient identifie ses médicaments par couleur et par forme plutôt que de les désigner par leur nom (3).
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Afin d’identifier ses médicaments, le patient ouvre le pilulier plutôt que de lire l’étiquette (3).
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Le patient peut chercher des excuses lorsqu’on lui demande de lire quelque chose (3).
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Le patient pourrait ne pas connaître ou comprendre le but de la prise de chacun de ses médicaments (3).
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Le patient n’est pas capable d’expliquer la procédure pour prendre chacun de ses médicaments (3).
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Le patient ne prend pas le médicament aux moments appropriés (3).
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Le patient éprouve certaines difficultés à remplir des documents à cause de l’incompréhension de ceux-ci (4).
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Le patient a de la difficulté à décrire et à expliquer ses problèmes de santé ainsi que ses antécédents médicaux (4).
02
Comment aborder les patients en contexte de la pratique de la pharmacie ?
Plusieurs bonnes pratiques existent en termes d’amélioration de l’approche des pharmaciens face aux patients analphabètes (4). Elles incluent des stratégies telles que :
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Adapter les méthodes de communication (4).
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S’informer des connaissances du patient afin de valider ce qu’il connaît (4).
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S’assurer de l’accès du patient à l’information (4).
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Favoriser un partenariat avec le patient dans le but de l’impliquer activement dans les soins qu’il reçoit, et ce, en parallèle avec les stratégies qui précèdent (4).
03
Comment adapter notre communication avec les patients en pharmacie ?
La communication efficace avec le patient constitue un aspect très important dans l’amélioration des soins puisqu'elle constitue la première étape de l’interaction avec le patient (4). Il est alors important d’adapter les différentes approches de communication afin qu’elles permettent au patient de mieux comprendre les instructions et d’adhérer plus facilement à sa thérapie médicamenteuse (4)(5).
Le but étant de transmettre un message clair et simple permettant aux personnes analphabètes de comprendre et utiliser l’information avec facilité, il serait pertinent de :
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Utiliser des techniques pour diminuer la différence de niveau de langage afin d’assurer un échange fluide
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Éviter d’employer des phrases longues et complexes (4)
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Mentionner une idée importante à la fois (4)
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Utiliser un vocabulaire simple et une syntaxe non complexe (4)
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​Réutiliser les mots et les expressions du patient (4)
3. Faire attention à la qualité du discours
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Parler lentement et suffisamment fort (4)
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Articuler clairement (4)
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Ne pas énoncer le message dans un style puéril afin de ne pas offenser l’interlocuteur (4)
Bien que cette méthode prenne un certain temps d’adaptation pour s’y habituer, dès qu’elle est intégrée dans une routine, elle ne prend pas beaucoup de temps à effectuer (6).
2. Porter attention au contexte dans lequel l’information est présentée
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Il est important de présenter l’information de façon plus personnelle et personnalisée au patient (4). Pour ce faire, il faut s’assurer de transmettre de l’information qui sera comprise par le patient analphabète en évitant de faire référence à des éléments que ce dernier a peu de chance de connaître (4). Par exemple, pour justifier l’efficacité d’un médicament au patient, il est peu pertinent de mentionner le concept d’étude clinique, car ce concept n’a du sens que selon la perspective du pharmacien (4). Ainsi, dans ce cas, il est plus judicieux de faire mention de concepts familiers au patient comme les effets bénéfiques qu’il aura tendance à éprouver après l’utilisation du médicament (4).
4. Adapter la validation de la compréhension du patient - méthode proposée : Teach-back method
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Utilisation de la «â€¯teach-back method », une méthode qui consiste en la confirmation de la compréhension du patient en demandant à ce dernier d’expliquer dans ses mots ce qu’il a retenu de sa consultation avec le professionnel (6).
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Cette technique permettrait au pharmacien de mieux évaluer la compréhension de leurs patients et d’adapter leurs explications selon la compréhension de ces derniers (6).
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Cette méthode ne se résume pas seulement à tester les connaissances du patient, mais bel et bien à déterminer à quel point les explications du professionnel sont claires pour le patient (6).
Les bonnes pratiques à avoir quant à l’utilisation de la «Teach-back method» (6):
A) Identifier des situations d’utilisation :
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Après l’explication de la prise d’un médicament à un patient, vous pouvez lui demander : Comment devez-vous prendre votre médicament ? (6).
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Au début de la remise de plusieurs nouveaux médicaments à un patient, vous pouvez lui demander : Quel est le but de la prise de chacun de vos médicaments ?
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À la fin d’une consultation avec le patient sur son médicament, vous pouvez lui demander : dans quels cas devriez-vous consulter un pharmacien ?
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Lors de la remise d’un nouvel appareil pour contrôler la glycémie ou la pression artérielle, vous pouvez demander au patient : Comment allez-vous utiliser votre appareil ?
B) Validation de la compréhension du patient :
Le patient est en mesure d’expliquer correctement dans ses propres mots l’information qui lui a été transmise sans répéter mot pour mot ce qui lui a été dit (6).
* Commencez progressivement à appliquer cette technique, ce qui permettra d’être de plus en plus confiant dans cette dernière (6). Bien que cette méthode prenne un certain temps d’adaptation pour s’y habituer, dès qu’elle est intégrée dans une routine, elle ne prend pas beaucoup de temps à effectuer (6). Ne pas se limiter seulement à la formation des pharmaciens quant à la « teach-back method », donc le personnel technique devrait être également être inclus dans le processus (6).
04
Comment s’assurer que le patient possède tous les outils nécessaires pour suivre sa thérapie de façon autonome ?
Voici quelques astuces pour s’assurer que le patient que le patient possède tous les outils pour suivre sa thérapie de façon autonome et qu’il soit en mesure de comprendre ces outils (4): ​
Avec l’objectif d’optimiser l’autonomie des patients à l’égard de leur thérapie médicamenteuse, il faut porter une attention particulière à l’accès à l’information afin que le patient puisse avoir en main des outils supplémentaires lorsqu’il n’est pas à la pharmacie (4).
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Fournir l’information au patient de plusieurs façons afin d’améliorer son adhérence à sa médication (ex. : information écrite et information verbale);
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Utiliser du matériel éducatif adapté à leur niveau de littératie (ex.: fiche conseil sur l’utilisation plus simplifiée, site internet adapté pour poser des questions ou s’informer);
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Se concentrer sur les informations les plus importantes dans les documents fournis;
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Placer les informations clés au début ou à la fin du document;
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Mettre en évidence les informations clés à l’aide d’un changement à la police ou de symboles (gras, encadré, souligné, flèches);
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Rédiger/créer des documents concis qui accompagnent une prescription (moins de 4 pages);
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Modifier les documents fournis aux patients afin qu’ils soient plus aérés dans le but de faciliter la lecture ;
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Mettre l’information sous forme de tableau lorsque cela s’applique (1, 4, 7);
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Utiliser des outils d’évaluation de la lisibilité selon plusieurs niveaux de scolarité comme Scolarius, l'outil bonus que nous vous proposons!
*AstuceBonus
Outil Scolarius
Scolarius est un outil recommandé dans Le guide de littératie en santé de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (7). En effet, cet outil qui se manifeste sous la forme d’un site internet permettant de copier-coller toute information écrite. Le site vous indique alors le niveau d’étude nécessaire pour comprendre l'information. Par exemple, cet outil peut vous être utile si vous voulez recommander une page d’information d’un site internet à votre patient, mais que vous ne savez pas si le niveau de l’information est adapté pour ce dernier. Il est possible d’avoir accès à ce site web en appuyant sur le lien hypertexte suivant.
Références
1. Chan S, Spina SP, Zuk DM, Dahri K. Hospital pharmacists understanding of available health literacy assessment tools and their perceived barriers for incorporation in patient education - a survey study. BMC Health Serv Res. 11 mai 2020;20(1):401.
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2. Wolf MS, Williams MV, Parker RM, Parikh NS, Nowlan AW, Baker DW. Patients’ Shame and Attitudes Toward Discussing the Results of Literacy Screening. J Health Commun. Taylor & Francis; 13 nov 2007;12(8):721‑32.
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3. Praska JL, Kripalani S, Seright AL, Jacobson TA. Identifying and Assisting Low-Literacy Patients with Medication Use: A Survey of Community Pharmacies. Ann Pharmacother. SAGE Publications Inc; 1 sept 2005;39(9):1441‑5.
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4. Bouffard M. Développement professionnel au regard de la littératie en santé : vers un modèle en milieu de travail. 17 mai 2017;360p.
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5. Kripalani S, Henderson LE, Chiu EY, Robertson R, Kolm P, Jacobson TA. Predictors of medication self-management skill in a low-literacy population. J Gen Intern Med. 1 août 2006;21(8):852‑6.
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6. Farris C. The Teach Back Method. Home Healthc Now. juin 2015;33(6):344
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7. Lemieux V. Pour qu’on se comprenne! Précautions et littératie en santé - Guide pour les professionnels et communicateurs en santé / Valérie Lemieux [...] [En ligne]. Secteur services préventifs en milieu clinique D de santé publique Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, rédacteur. Montréal (Québec); 2013 [cité le 4 fév 2021]. Disponible: https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2319125